Ffffshhhhh fffffshhhhh font les petits grains du sablier.
Quand on s’approche du petit instrument archaïque aux formes féminines, on peut facilement y entrendre biling-biling-biling-POUF! C’est que ces petits grains font tout un vacarme lors de leur chute, le long des parois de verre.
Cruels petits grains de sable, vous tombez si vite!
Je voudrais pouvoir observer et décrire la course de chacun d’eux, mais le voyage de l’un est à peine terminé que déjà, ses frères se précipitent sur le même chemin. Ces petits cristaux cruels me rappellent sans relâche que le temps m’échappe, que le moment présent est déjà passé.
C’est le monticule toujours grandissant de cailloux minuscules qui me pousse aujourd’hui à reprendre du clavier. Pendant plusieurs mois, j’ai tenu un blogue, lors du processus d’adoption de mon grand de quatre ans. Puis, depuis notre retour de Corée du Sud, c’est le silence radio: d’abord et avant tout par pudeur pour notre petit confort domestique nouvellement créé, puis par paresse, puis par manque de temps, puis par manque de mots. J’aurais aimé pouvoir dire que ce n’est que le temps qui m’a manqué. Pourtant, ce sont surtout les mots. Mais depuis trop longtemps déjà, je regarde le sable me couler entre les doigts par poignées. J’ai a coeur de tenir la chronique des petits grains de sable qui font de la vie une bête immense, magnifique, indomptable et impossible à capturer. La famille est mon centre névralgique, et les souvenirs, la plus précieuse richesse.
Tenir ces chroniques de tout et rien est ma façon bien à moi de conserver la trace de la chute de quelques uns de ces petits grains. Ma façon de ralentir le temps